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13 septembre 2011

Mon traitre ---- Sorj Chalandon

Montraitre

Ce roman n’a pas été écrit par un auteur irlandais mais par un auteur français qui s’est beaucoup intéressé à l’Irlande et particulièrement à l’Irlande du Nord. Grand reporter il a publié des reportages entre autres sur l’Irlande du Nord et c’est ce sujet romancé qu’il évoque dans cette œuvre à travers des faits historiques qui ont marqué la lutte de l’IRA pour une Irlande réunifiée.

Antoine, jeune luthier un peu solitaire, d’une trentaine d’années, installé à Paris (après son apprentissage à Mirecourt dans les Vosges) se frotte à la réalité de l’Irlande du Nord au milieu des années 70 poussé par la curiosité alors qu’il a l’habitude d’aller à Dublin de temps à autre chez des amis de jeunesse. Il découvre alors à Belfast par le biais de rencontres fortuites un milieu fascinant qui ne le quittera plus même: celui de la résistance des catholiques irlandais face aux « occupants » anglais. Il s’intègre vite et bien dans ce milieu de pauvres catholiques accueillants mais déterminés et il noue une relation d’amitié très forte teintée d’admiration, avec un héros nationaliste, vénéré par tous, respecté, emprisonné plusieurs fois pour sa participation active à la lutte armée de l’IRA dont il est un officier. Nous sommes en plein cœur de ce conflit meurtrier, sinistre et glorieux (fin des années 70 avec l’épisode tragique des grévistes de la fin à la prison de Long Kesh qui n’ont pas fait fléchir Margaret Tatcher). C’est alors que l’auteur de ce roman introduit le compte-rendu enregistré d’un interrogatoire mené par des membres de l’IRA en 2006 et une révélation de taille même si elle est un peu attendue (déjà évoquée par le titre du roman). Très beau roman, historiquement passionnant avec un style très fin, émotionnellement fort et une construction habile même si elle peut dérouter un peu : l’identité, le patriotisme, la dignité, l’amitié, la confiance, l’honnêteté, la morale en sont les points forts.

Extrait. Nous sommes le 9 avril 1977 :

« Belfast me murmurait que j’étais un peu chez moi. Je n’étais pas le seul étranger à marcher dans ses rues. Des journalistes erraient partout, et aussi des militants de la cause irlandaise, des Allemands, des Anglais, des Hollandais, des Français qui parlaient haut, des Américains tout frissonnants d’ancêtres. Ils tournaient dans ces lieux du combat républicain, sans pouvoir y entrer tout à fait. Lorsqu’ils poussaient la porte d’un pub, les conversations se mouraient. Sans méchanceté, sans agressivité, sans rien. Elles mouraient, c’est tout. Elles cessaient de vivre par méfiance et par habitude. Mais quand moi, je poussais la porte du club et m’asseyais à la table de Jim, les voix pensaient à autre chose. J’étais le luthier de Paris, le silencieux, celui qui vient ici pour partager le temps. » (p. 18)

Présenté par Marie-Annick D. (tombée par trois fois sous la force de ce roman)

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